Retour sur l'appel à texte "Ciel de glace" - et sur un univers embarrassant...
A chaque appel à texte diffusé sur l'Allée des Conteurs, je m'efforce de contribuer, par principe, par opiniâtreté, mais par plaisir aussi. Même si les appels à textes sont en général associés pour moi à une certaine déconvenue, ce n'est pas le cas pour ceux des sites d'écritures où il y a moins d'enjeux, où la participation reste le point essentiel de l'exercice.
Le thème était le suivant :
« Il était une fois une Allée. Des maisons biscornues, des toits pointus, et des pavés difformes... Cette allée était constamment couverte de neige, si bien que l'on nommait son ciel, le "Ciel de Glace". »
Certains mots devaient figurer dans le texte :
Allée, Neige, Maisons biscornues, Chaudron.
Le texte n'était pas limité en taille : il devait juste compter plus de 1500 mots.
D'emblée, le texte m'a posé deux problèmes.
Le premier tenait au thème lui-même : dans quelle mesure pouvait-il s'éloigner de la citation initiale ? Dans le doute, j'ai plutôt eu tendance à rester au plus près non seulement de la phrase mais aussi de l’inspiration initiale, à savoir la mythologie propre à l'Allée.
Le deuxième problème était le délai assez court, à savoir trois semaines. A défaut de meilleure idée, j'ai repris celle du dragon sous la montagne, initialement prévu dans un contexte bien plus sérieux, et je l'ai situé dans le monde alternatif romantique, fantastique et steampunk dont les premières bases avaient été posées dans l'Horologue. J'en ai fait également une sorte de genèse fantasmée d'un personnage symbolique et récurrent de certaines de mes nouvelles.
En dépit de retour relativement bons, je garde un sentiment mitigée de cette contribution, qui prenait la forme d'un conte vaguement steampunk avec des éléments de fantasy. Je n'ai pas réussi à me passionner réellement pour cette histoire, à l'investir d'une flamme ou d'une originalité réelle. Beaucoup d’éléments de contexte ont disparu lorsque le récit à dû être raccourci pour rester d'une taille raisonnable – même si en contrepartie elle a sans doute gagné en fluidité. Au final, un exemple typique de mes poncifs habituels. Et même si le concours était anonyme, tous les lecteurs habitués à mes écrits ont sans doute reconnu sans peine ma prose. Même si je peux toujours invoquer les délais plutôt brefs, je ne peux cependant m'empêcher de déplorer mon manque flagrant de réelle inspiration. Cela ne veut pas dire que je n'en ai pas pour mes autres écrits, notamment les projets longs. Mais je dois bien avouer que je suis un peu déçu de moi-même.
Pour revenir à l'appel à texte lui-même, les textes sont tous consultables ici. Les contributions montraient dans l’ensemble un excellent niveau. Les deux gagnantes, Pixie et Natth, ont largement mérité cette victoire et je vous conseille très vivement de découvrir leurs contributions, La Belle-de-la-Montagne et Rencontre par un jour de glace, de même que toutes les autres. Le niveau était dans l’ensemble très bon et j'ai envié aux autres leur inspiration !
Pour revenir à cet univers particulier, il est actuellement le théâtre de plusieurs récits : l'Horologue, La danseuse d'argent, Le masque brisé et à présent le Dragon de Weissfels. Je me demande toujours si je dois y intégrer un dernier conte en écriture depuis longtemps, que j'espère pouvoir présenter dans le cadre d'un appel à texte sur le steampunk.
J'hésite, à la suite du refus de l'Horologue pour un appel à texte similaire. L'histoire ne correspondait sans doute pas vraiment à ce qui était attendu dans le contexte « steampunk », dont la vision se limite souvent aux zeppelins, aux machines à vapeurs, à un contexte militaire et/ou industriel. Alors que mon univers est inclassable et mêle allègrement steampunk, romantisme, gothique, fantastique dans une certaine mesure – ou au moins, science étrange. Et le fait de m'apercevoir que le recours à ce monde devenait, en fait, une sorte de solution de facilité parce qu'on peut tout y mettre, me confronte à un sentiment ambigu : est-ce que je dois le définir de façon plus logique avant d'y revenir, ou bien le considérer comme anecdotique, sans nécessité de cohérence au-delà de quelques clins d’œil qui en assure le lien ? Le question reste entière...